Avec octobre revient le temps des plantations d'arbres à sens. Je veux parler par là de ces arbres que l'on plante, en général accompagné de témoins ou de confrères en plantation, pour donner quelques solennité à un événement qui nous tient à cœur, souvent le début ou la fin d'un cycle de vie d'un être cher.
Une forme abâtardie de ces plantations consiste en ces cérémonies officielles où un notable quelconque plante n'importe quand, n'importe comment et à propos de n'importe quoi un objet commercial en pot que l'on appelle arbre, sans jamais ou presque adopter dans son cœur ni cet arbre ni l'évènement qu'il commémore.
J'ai souvent assisté et même participé à ces simulacres dont le sens s'est perdu et dont il ne reste qu'une liturgie mécanique où des marionnettes publiques s'agitent sans projet ni souvenir.
Les plantations dont je parle sont celle dont on se souvient longtemps et qui nous laissent pensifs et vaguement nostalgiques lorsque des années plus tard nous prenons conscience de la taille atteinte par l’arbre.
Je me demande ce qu’il a derrière cette tendance à planter des arbres ensemble. Le cérémonial religieux est manifeste : procession à l’aller et au retour , instant solennel où l’officiant met la terre sur les racines, comme il jette la terre sur un cercueil dans la tombe ; repas symbolique, verre de l’amitié, ou réel après la plantation et dispersion des cérémoniants abandonnant seul l’arbre planté au milieu d’un espace qui devient plus ou moins sacré.
Il y a peut être aussi dans la plantation , pour tous le moins chez nous vivants dans les latitudes élevées, une réponse à l’angoisse de l’arrivée de l’hiver. L’homme pensant , celui qui se projette dans le futur est manifestement apparu dans les régions tropicales, là où il n’y pas de saisons astronomiques avec une variation forte de la longueur du jour. Aussi urbanisé et dénaturés que nous soyons il n’en reste pas moins que nous n’aimons guère voir les jours raccourcir.
Au raccourcissement automnal des jours s’associe de plus l’inexorable arrivée du froid . Aussi raisonnable que nous puissions l’être nous ne pouvons échapper aux terreurs archétypales de la nuit perpétuelle et du froid absolu . Peut –être gardons nous au fond de nous mêmes les terreurs collectives de nos ancêtres frappés par les glaciations successives, ce qui, aujourd’hui, nous rends le réchauffement climatique si sympathique au fond quoiqu’on dise.
Sous nos latitudes, planter un arbre à l’automne c’est affirmer l’arrivée prochaine inéluctable du printemps et la défaite récurrente de la mort et de l’hiver.
Donzacq 26 octobre 2009
Oh, the wind, the wind is blowing,
Through the graves the wind is blowing,
Freedom soon will come;
Then we'll come from the shadows.
Léonard Cohen The partisan
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1 commentaire:
Où l'arbre pousse, pousse l'envie.
Si on a tant besoin de planter des arbres,
C'est qu'à pousser le bouchon trop loin
On se sent un peu loin de nos vies.
Hors sol, on perd la boussole !
Des racines, de la sève et des branches,
Pour s'agripper à la vie, pour retrouver l'énergie,
Celle d'y croire et celle d'avoir envie...
d'être tout à fait en vie.
de Laurence pas en vacances...
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